La crise mondiale liée au COVID-19 en Europe et dans le monde entier a mis à l’épreuve la santé et la sécurité à la fois des personnes et de la société. Le quotidien de tous s’est vu bouleversé en raison des mesures restrictives prises pour endiguer la propagation du virus. Nos liens sociaux et la communication avec nos familles, nos amis et nos proches ont été affectés, de même que nos habitudes quotidiennes, nos horaires et lieux de travail, nos modes d’interaction avec les services gouvernementaux et nos modes de divertissement. La période de la pandémie de COVID-19 a certes déclenché le développement rapide de nouvelles façons d’utiliser notre environnement numérique pour les transactions, les services, les divertissements et l’art. À l’inverse, que le manque de contacts réel a accru l’isolement social et a affecté la psychologie et les émotions d’une grande partie de la société.
Toutefois, ce qui nous caractérise tous en tant qu’êtres humains, c’est le partage de nos émotions, positives comme négatives, de la passion et de nos pensées, de l’espoir ou de la peur qui surgissent en temps de crise et d’adversité. L’expression qui émerge à travers l’art et nous relie tous a, elle aussi, dû s’adapter, à l’époque de la pandémie et aujourd’hui, à de nouveaux environnements numériques, outils et médias, ainsi qu’à de nouveaux artistes et spectateurs/auditeurs ou publics en général.
Cependant, qu’est-il advenu de cette adaptation pendant la période de la crise sanitaire ? Comment le travail des artistes et des artistes en devenir a-t-il été affecté ? Comment la production artistique a-t-elle été chamboulée ? Quel a été le moyen de communication avec le public et les spectacles ou expositions ? Qu’est-il arrivé aux catégories d’artistes ou d’aspirants artistes des pays européens appartenant à des groupes vulnérables et défavorisés qui étaient déjà confrontés à de nombreux défis dans leur vie quotidienne ? Quels problèmes ont-ils rencontrés et rencontrent-ils encore pour s’adapter aux nouveaux médias numériques ? Dans quelle mesure les pays européens et leurs politiques étaient-ils prêts pour la transition vers un monde exclusivement numérique dans le domaine de l’art ? Quelles sont les compétences et les connaissances qui manquent aux artistes pour relever ce défi numérique ? Et quels sont les outils numériques préférés du public dans les différents pays européens ?
Tout ceci est le sujet de la cartographie entreprise dans la première phase du projet Digi Helicon pour développer une méthodologie éducative et un manuel pour le renforcement des compétences des artistes et des artistes en devenir pour faire face à l’ère numérique. Dans le cadre du projet Digi Helicon, les partenaires de sept (7) pays européens [Allemagne, France, Italie, Grèce, Chypre, Belgique et Pays-Bas] ont effectué, entre février et mai 2023, une recherche documentaire approfondie sur les politiques des pays européens participant au projet pour soutenir la numérisation des arts et la formation des artistes sur les questions liées à l’adaptation de leurs moyens de subsistance et de leurs besoins et compétences artistiques à la nouvelle ère numérique. En même temps, cette cartographie a examiné les bonnes pratiques et les études de cas qui ont été menées dans les pays européens pour le renforcement des capacités des artistes et leur soutien pour une meilleure adaptation aux nouveaux besoins numériques. En outre, ce sont plus de 275 personnes qui ont participé à la cartographie sur le terrain, que ce soit des artistes ou des artistes en devenir issus de groupes vulnérables et défavorisés [137 personnes], mais aussi des consommateurs d’œuvres d’art et de services artistiques [138 personnes] de tous les pays participant au projet, par le biais d’entretiens, de groupes de discussion et de questionnaires en ligne. La cartographie a permis de tirer des conclusions dans 7 rapports nationaux qui ont à leur tour été synthétisés dans le rapport transnational DIGI HELICON sur les politiques existantes et les besoins de renforcement des capacités des artistes et des artistes en devenir sur les questions d’adaptation à la nouvelle ère numérique. Par ailleurs, une liste d’au moins 19 bonnes pratiques et 12 études de cas a été développée pour soutenir la numérisation des arts et l’éducation des artistes sur les questions d’adaptation de leurs moyens de subsistance et de leurs besoins et compétences artistiques à la nouvelle ère numérique.